« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent. » Antoine de Saint-Exupéry
La nature est une grande source d’inspiration et cela nous a entraînés vers des sentiers de découverte et de partage pendant toute la session de Didactique des arts. Une cohorte d’étudiant.es a suivi les cours de français ensemble en automne 2020. Cela nous a permis d’établir un rapport qui a été renforcé et enrichi à travers l’expression créative lors du cours d’art qui s’est déroulé en hiver. Nous avions un projet de correspondance avec la classe de 4ème année de Stéphanie Pain, enseignante dans une école fransaskoise depuis septembre 2020 et vous pouvez trouver des informations sur notre billet de blogue du 18 avril en cliquant ici. Cependant, le projet de correspondance est devenu plus axé sur les arts en hiver. Nous avons été subjuguées et éblouie par la créativité et le niveau d’implication des étudiant.es et élèves dans les projets artistiques au point que nous pouvons affirmer que l’art permet de véhiculer toutes les émotions et sentiments ressentis et de créer une communauté bienveillante, vibrante et débordante de créativité.
Les cours en ligne ont été suivis par des étudiant.es dispersés dans toute la Saskatchewan et résidant à Lloydminster, Meadow Lake, Prince Albert, Regina, Saskatoon et même au Québec. Dès le début de la session en janvier, nous nous sommes lancé.es dans un partage de photos de paysages d’hiver sur le forum (inspiré par une exposition virtuelle sur les « Paysages hivernaux » et un défi photo lancé par le Musée National des Beaux-Arts à Québec). La beauté des paysages capturés et les commentaires bienveillants ont bercé les discussions et nous ont amené.es à discuter de l’importance de ralentir afin d’observer la nature et l’environnement. Plusieurs étudiant.es ont écrit comment ils observaient la neige, les arbres, le ciel, le brouillard, etc. et exprimé aussi la joie d’explorer les parcs, les forêts et leur entourage. Avec le partage de photos et petites histoires sur le forum, nous avons apprécié les expériences et lieux divers.
Ensuite, nous avons vécu une variété d’expériences artistiques et assisté à des ateliers sur les arts visuels, la danse, la musique et les arts dramatiques. Avec les cours virtuels, plusieurs artistes invités ont facilement pu nous rejoindre. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Carol Rose GoldenEagle, Anne Brochu Lambert, Dre Kathryn Ricketts (éducation) et Dre Melissa Morgan (MAP) de la Saskatchewan, mais aussi Dr Jonathan Bolduc (Université Laval) du Québec, et Meagan Thorlakson de Lethbridge en Alberta. Nous avons beaucoup appris avec nos invité.es et nous leur en sommes très reconnaissant.es.
Le 25 janvier, Carol Rose GoldenEagle (artiste nêhiyaw et Dene) a expliqué qu’elle puise son inspiration dans la nature pour la création artistique et elle a transmis aux étudiant.es des perspectives autochtones en matière d’art. Les étudiant.es ont appris qu’il faut oser avoir du courage pour créer sans peur et trouver la joie dans le processus créatif.
Le 8 février, par une journée bien froide de -48 degrés à Regina (avec le facteur vent), nous avons vraiment apprécié une visite guidée virtuelle en français au Musée d’art Mackenzie. Nous avons apporté notre thé ou café chaud et l’art a réchauffé nos esprits. Il s’agissait d’une exposition interculturelle Ithin-eh-wuk—« Nous nous plaçons au centre » : James Nicholas et Sandra Semchuk. Avant la visite virtuelle, les étudiant.e.s ont préparé un dessin ou une série de photos en lien avec un endroit important pour eux et ils devaient imaginer l’endroit au fil du temps. La visite a servi de tremplin à des discussions sur nos relations avec la terre, les êtres humains et non-humains, les traités et les relations entre les communautés autochtones et allochtones.
« … nous avons pensé à un endroit auquel nous sommes connectés et réfléchi à comment cet endroit a changé au fil du temps. J’ai décidé de dessiner mon premier appartement à la résidence U de R. À gauche, j’ai dessiné ce à quoi je pensais que cet endroit aurait ressemblé il y a 1000 ans, et à droite j’ai dessiné ce à quoi je pensais qu’il aurait ressemblé il y a 100 ans et la faune qui existe encore à Regina. » Alex Cottenie
Suite aux lectures sur la conscience écologique, nous avons été littéralement transporté.es par le vent quand Hailey Belcourt a présenté son plan de leçon pour l’album Quand le vent Souffle (Stewart, 2020) qui est une conversation philosophique entre deux arbres. Hailey nous a expliqué en cours qu’elle imaginait inviter des élèves à danser pour interpréter l’histoire.
Adeline Sialou, Atty Sita Kane, et Elvine Josiane Makuaze ont expliqué la signification de La danse de Gumboot en partageant leur plan de leçon. Cette danse était une façon pour les mineurs en Afrique du Sud de communiquer sans parler puisque parler était interdit. À ce moment, nous avons eu l’opportunité de réfléchir sur le thème de la justice sociale et de l’expression artistique.
Le 8 mars, l’artiste fransaskoise Anne Brochu Lambert a animé un atelier sur la technique de l’estampe autour du thème des paysages de la Saskatchewan. Les étudiant.es ont trouvé le matériel (parfois dans leur cuisine!). Installé.es dans leur cuisine, les étudiant.es s’affairaient à créer leur œuvre d’art dans la joie. Une étudiante Mariama Mouhamed a partagé sur le forum qu’elle était ravie d’apprendre cette technique, « J’adore beaucoup l’idée du matériel disponible dans la maison pour créer des empreintes. C’était un moment tranquille et inspirant. »
« La musique m’a été très utile pendant toutes les périodes difficiles de cette année. J’ai eu beaucoup de plaisir à créer un projet musical pour mon cours d’art, je l’ai partagé avec ton enseignante pour que tu puisses le voir. Laisse-moi savoir ce que tu penses! » Shanaya Cossette (lettre à son correspondant Eric le 26 avril.)
Avec l’arrivée du printemps, on a assisté à l’éclosion de talents lors d’un vernissage animé par Clémence Canet. C’était un moment de célébration qui nous a transporté. es dans des paysages féériques au son du violon joué par Shanaya Cossette qui jouait la musique métisse. Plusieurs étudiant.es expliquaient comment ils ont trouvé la confiance et le plaisir de créer et de partager. Une étudiante, Haleigh, a dit qu’elle a apprécié que nous avons vraiment une communauté même avec les cours à distance. Et d’autres étudiant.es ont souligné qu’ils appréciaient les encouragements de leurs collègues et qu’ils étaient surpris d’avoir créé de l’art ensemble sur Zoom.
Mallory Phaneuf, une étudiante métisse de Prince Albert, à créer un abécédaire bilingue en français-michif intitulé « La Terre au Ciel Vivant/Latayrdili Pimatchihoo Syel. » Elle dit dans la dédicace du livre qu’elle était inspirée de « mon arrière-grand-mère, Sophie Mcdougall, qui est une aînée métisse qui parle encore le michif » et qui l’encourage à apprécier sa culture et à la partager.
« J’ai été inspirée par la nature de la Saskatchewan ainsi que par des photos que j’ai prises. Les couchers de soleil sont une de mes choses préférées à voir ici en Saskatchewan, alors je voulais l’inclure dans mon œuvre. » Emily Gay
« D’abord je suis une immigrante. Je suis très heureuse d’avoir choisi le Canada. Je suis joyeuse…comme vous pouvez le voir juste au milieu, j’ai dessiné un cœur qui représente la carte du Canada et l’arbre fleurissant. Les fruits que vous voyez sont en petits cœurs. C’est une manière de représenter la générosité du Canada. Vous pouvez voir les oiseaux qui migrent des quatre coins venus s’abriter à cet arbre-là. La verdure que vous voyez représente la beauté, la joie…. C’est une manière pour moi de dire merci, d’exprimer ma gratitude à l’endroit, ce pays qui m’a accueillie, ma famille et moi. » Atty Sita Kane
« Mon œuvre d’art des aurores boréales que j’ai peinte est inspirée d’une photo que j’ai prise cet été au lac. C’était une soirée où j’étais assise à côté du feu avec mes amies et on a regardé en arrière et il y avait les meilleures aurores boréales que je n’ai jamais vues de ma vie … je n’avais jamais créé une œuvre d’art sur une toile avec de la peinture…c’était vraiment hors de ma zone de confort. » Jordyn Cochet
« Quel beau paysage! Que puis-je dire de plus?
Je suis inspiré par le paysage hivernal. En regardant mon environnement, j’ai constaté un changement du paysage pendant cette saison hivernale. J’exprime mon appréciation de la saison d’hiver. J’ai choisi de prendre des photos avec mon téléphone pour apprécier la beauté naturelle du paysage qui l’entoure. Je pense que la photographie m’a bien servi car les photos reflètent mieux la réalité vécue dans un environnement physique pendant un moment précis. Mon fils et moi avons pris des photos en utilisant mon téléphone pour garder le souvenir de ce beau moment. » Kasereka Mudogo
« Il y a plusieurs choses qui m’ont inspirées en créant mon œuvre. La première étant surtout le fait que les photos que j’ai prises sont toutes sur des chemins que je prends souvent quand je pars promener mon chien avec ma mère. Cela m’a beaucoup influencée surtout avec les couleurs, car j’ai essayé d’incorporer des couleurs vives pour représenter la personnalité de ma mère. » Ambre Kram
Saskatchewan, mon enseignante (par Mango Nziavake)
Un jour, dans un des endroits les plus froids
De ma province où j’ai eu mon premier emploi
Mon âme fut bouleversée d’un grand effroi
Plusieurs questions envahirent mon cœur en désarroi
Suis-je toute entière en proie
A cause du climat froid?
Toutes mes pensées furent menacées d’un grand émoi
Ensuite, dans mon pays d’abri Mon cœur excessivement abatis Me révéla tous mes projets d’emblée abolis Mon âme toute entière engloutie Aperçut à l’horizon la lumière qui luit Oh, quel temps de réveil, mon amie Mon espoir fut nourri
Quelle douleur de vivre une absence
Comme tous les êtres vivants en ont l’accoutumance
Les hommes, les animaux, les végétaux sont en balance
Ils se forment des tissus d’autodéfense
La nature tombe en dormance
C’est la loi de la nature qui assure une assistance
La vie sur la terre est une cadence
Parfois, on est en période de carence
La gestion de plusieurs circonstances
Il faut en avoir un œil de clairvoyance,
Vivre une vie d’attente et de persévérance
Pour ne pas perdre ses performances.
Quelle belle province enseignante
Ta nature est toute inspirante,
Malgré que tu es tombée en silence
Et couverte d’une neige blanche, ta nature toute confiante est pleine d’espérance
En besoin constant de suppléance
Son endurance détermine sa survivance.
Quel secret dans ta nature rafraîchissante?
De ta beauté hivernale
Ma chère capitale provinciale
Répandue d’une neige éblouissante
Des arbres dans l’environnement devenus attrayantes
Percé du soleil au bon réveil matinal
Rend à mon cœur des émotions inspirantes
Enfin, le beau temps de renaissance est venu Au printemps, nous disons bienvenu La nature toute en chœur réunie Chante un chant d’allégresse Où est ta neige réunie Elle est fondue, elle est fondue! Enfin, disparue!
Quelle retrouvaille chaleureuse, ce qui nous manquait est réapparu.
« Cette poésie a été inspirée de mes sentiments personnels ressentis et qui ont envahi mon cœur suite à une absence survécue dans ma vie aussitôt que je suis arrivée au Canada. En effet, deux mois après mon arrivée en Saskatchewan, la province qui m’a accueillie et qui m’abrite, ma douleur fut intense. Petit à petit, la nature de ma province s’est révélée inspirante quand j’essayais de contempler les feuilles, les arbres, les oiseaux et les êtres humains qui sont touchés par les effets de la saison hivernale caractérisé par l’absence de la chaleur du soleil…Après la pluie, vient le beau temps, après l’hiver vient le printemps. » Mango Nziavake
Tournesol crée par Virginie Charollais dans son livre « Mon abécédaire des prairies de la Saskatchewan. »
Les élèves de Mgr de Laval ont partagé quelques œuvres artistiques lors du vernissage et dans leurs lettres avec les étudiant.es du Bac. À la fin de l’année, après avoir envoyé plus de 260 lettres, cartes et œuvres d’art, c’est certain que nous allons toujours garder de beaux souvenirs! A la vue des lettres et œuvres d’art des élèves de 4ème année, plusieurs étudiant.es se sont remémoré des souvenirs d’enfance et ont éprouvé beaucoup de joie à s’exprimer créativement. C’était aussi l’occasion de réfléchir sur l’enseignement de l’art en tant que futur.e enseignant.es. La correspondance avec les élèves de 4ème année a beaucoup inspiré nos étudiant.es et leur a montré comment l’art est important pour les enfants car « Dans chaque enfant il y a un artiste » disait pertinemment Pablo Picasso.
Nous sommes reconnaissantes d’avoir eu l’occasion de vivre cette expérience d’apprentissage avec nos étudiant.es et élèves. La création et le partage étaient une grande source d’énergie positive pour nous tous et toutes!
Quelques oeuvres d’art de la 4ème année d’une école fransaskoise
(La classe de Madame Stéphanie Pain)
Regarde dans le ciel,
Je vois les étoiles qui aiment briller
Car elles veulent jouer,
Je vois aussi le soleil de merveille
Et les couleurs qui réchauffent nos cœurs.
C’est un des meilleurs moments de ma vie,
Car je suis une petite fille
Avec une grande famille
Oeuvre et poème d’Anna, 4ème année, pour ses correspondantes Elisabeth et Emily
Merci beaucoup! Maarsii! kinanâskomitin!
Par Dre Heather Phipps et Madame Stéphanie Pain
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